Cet ouvrage interroge les perturbations de l’organisation du travail et les recompositions de la régulation de l’emploi engendrées par le capitalisme de plateforme. L’approche interdisciplinaire – droit, sociologie, économie – traite des manières dont les catégories institutionnelles et conceptuelles liées à l’État social s’adaptent aux transformations qui accompagnent la reconfiguration numérique du travail mais aussi se heurtent à des phénomènes sociaux qui leur échappent.
Dans un premier temps, l’étude permet à chaque auteur de saisir les capacités d’adaptation et les limites des frontières institutionnelles et conceptuelles traditionnelles, ainsi que l’aptitude de leur discipline à rendre compte des réalités induites par l’organisation du travail numérique. Ensuite, elle jette les bases d’un cadre transdisciplinaire à travers la notion de « zone grise du travail et de l’emploi ». Les auteurs s’interrogent sur le statut juridique des travailleurs numériques, si les dynamiques à l’œuvre s’inscrivent dans la continuité du salariat ou sont en rupture avec lui. Ils considèrent en commun, comme des zones grises, les phénomènes qui échappent aux catégories traditionnelles tout en leur accordant un rôle différent dans la recodification des normes.
A partir d’une synthèse des différentes contributions, dans une démarche interdisciplinaire, la conclusion élargit les enjeux à leurs conséquences en termes de subversion de différents types de frontières.