Por Félix Landry para Nuevo Mundo
Les premières décennies du xixe siècle, période de l’accession à l’indépendance politique, ont fait l’objet en Amérique latine et chez les chercheurs latino-américanistes européens ou nord-américains d’une importante révision historiographique à partir des années 1990. Ces travaux, illustrés en France par la figure de François-Xavier Guerra et ses successeurs, ont proposé une réinterprétation d’ensemble des processus aboutissant aux indépendances, les replaçant dans le contexte d’une monarchie hispanique au sein de laquelle aucune téléologie proto-nationale ou révolutionnaire n’était à l’œuvre avant l’invasion de l’Espagne par les armées napoléoniennes en 1808. Le petit ouvrage de José Carlos Chiaramonte, directeur de l’Instituto de Historia Argentina y Americana « Dr. Emilio Ravignani » à Buenos Aires, s’inscrit dans ce courant en contribuant à mettre en question le passage de l’ « ancien régime » à la « modernité » à partir d’une évaluation du rôle du droit naturel, qu’il estime central, dans l’outillage intellectuel des élites créoles à l’époque des indépendances. Réunion de textes déjà publiés sous formes d’articles ailleurs (chap. III, IV, VI et VII), auxquels s’ajoutent trois inédits (chap. I, II et V), l’ouvrage prolonge les interprétations développées dans le précédent livre de l’auteur, sur le vocabulaire politique en usage à l’époque des indépendances.